Critique du film Blindness

Voici le synopsis, cette fois ça vient pas de allociné... Moi, sans arrêt faire de la pub pour allociné quand je présente un film... Jamais! Hihi!
Blindness se rapproche plutôt des Fils de l'Homme (je l'ai loué depuis, très fort ce film aussi, à voir n'hésitez pas!) (d'ailleurs, on notera également la présence de Julianne Moore [une actrice vraiment exceptionnelle, on y croirait tellement elle se donne pour ses rôles!]) : bien plus qu'un film fantastique qui se baserait sur une situation fictive, Blindness utilise les malaises de notre société pour placer son intrigue. Une société où l'on met les humains en quarantaine, où l'on est capable de les traiter comme des animaux, et où l'on n'hésite pas à tuer celui qui n'obéit pas aux ordres.
Petit à petit, on assiste donc à la contamination d'un peuple, qui, peu à peu, devient aveugle. Plutôt que de donner un aperçu "global" qui tendrait vers le film catastrophe, le réalisateur, choisi de s'attarder sur un groupe de personnages : la cécité gagne peu à peu la population et les premières victimes sont mises en quarantaine dans un hopital hors d'âge et insalubre... Ca donne vraiment mal au coeur, nous on est comme le personnage de la femme du médecin, on voit tout, et voir tout des fois, ça dérange... Rien n'est épargné, on voit de tout, même les choses les plus simples de la vie sont difficiles pour eux... Et on se met rapidement à leur place, dans leur peau... Peu à peu, de nouveau groupes les rejoignent, jusqu'à ce que, submergés par l'épidémie, les pensionnaires cessent d'arriver et l'hopital soit totalement coupé du reste du monde.
Une bonne partie du film se déroule alors dans ce huis clos où une société miniature se crée à nouveau. Plus animale, plus dure. Les hommes sont livrés à eux mêmes, et, privés de vue, finissent par se laisser aller à leurs plus bas instincts. Et les plus bas instincts, c'est vraiment les plus bas... Ne lisez pas ce qui suit en bleu si vous ne voulez pas être spoilé... Toujours là? Vous voulez vraiment savoir alors? Alors on y va! Un groupe d'hommes (le groupe 3 car il y a trois groupes) bloquent et rationnent la nourriture que donne l'Etat aux "habitants" de cet hôpital insalubre et demandent aux deux autres groupes, le 1 et le 2, qui ont des femmes que, s'ils veulent manger, ils doivent leur "prêter" leurs femmes pour faire ce que vous pensez (j'ose pas encore en parler tellement cette partie du film m'a choquée...). Au début, ceux qui n'ont pas de femmes disent aux couples que les femmes doivent y aller pour les besoins des autres et tout... Les hommes en couple, ça les révoltent de voir leurs congénères se rabaisser au niveau des autres... Mais au final, c'est les femmes qui vont décider d'être volontaires et d'y aller... Rien que de repenser à la scène qui suit, j'ai envie de vomir... Les femmes y vont donc, un groupe tel soir, l'autre groupe, le lendemain... Et là, pour les hommes du groupe 3, c'est l'orgie totale... On ne voit pas grand chose, mais c'est l'atmosphère, les bruits, les commentaires de ses hommes disgracieux qui te donne cette boule au ventre, cette vie de gerber tes tripes! C'est la première fois que j'ai envie d'être sourde et aveugle dans un ciné... Julianne Moore, seule voyante dans cet environnement, tente d'aider son groupe à survivre dans cet univers et à ne pas sombrer dans la folie ou la bestialité.
Le film est dur, effectivement. Mais pas à la manière d'une série B sanglante ou d'un film violent.
Dans tout ce chaos, une voix off fait parfois son apparition. A vrai dire, je m'en souviens pas vraiment ^^ C'est la voix d'un des pensionnaires de l'hopital (Dany Glover), qui vient parfois décrire les situations tel un conteur.
Cette voix n'est pas omniprésente mais vient ponctuer le film, elle apporte au spectateur la distance nécessaire pour vivre le film et son intrigue, tout en appréciant le contexte sur lequel il est basé. Par de petites réflexions, elle nous invite à réfléchir sur la condition de ces personnages, sur leurs changements... Car l'aveuglement physique apporte bel et bien quelque chose à chaque personnage et permet, à un niveau plus "global", de mettre en lumière une tyrannie, une violence, qui, jusqu'ici était sous-jacente. On est sans cesse partagé entre l'effroi, la réflexion, mais aussi la colère, l'attendrissement... Sur la photo, on le voit avec une radio... A un moment dans le film, ils (le groupe 1) écoutent tous ensemble cette radio où passe au même moment une chanson de Ray Charles (je crois). Un beau moment de recueillement...
Au final, Meirelles nous livre un film plein d'humanité, une humanité sombre, mais également pleine d'espoir. Blindness est un un film en trois temps, un peu comme trois saisons : la descente, l'enfer, puis le renouveau. A chacun d'imaginer son quatrième temps...
Pour finir, une seule chose à dire... A voir!